« Donald Trump montre le visage d’une droite américaine totalement désinhibée »

Les poursuites judiciaires visant le président des États-Unis, Donald Trump, et son administration pullulent, quelques semaines après son entrée en fonction.
On reproche au chef d’État américain, qui a adopté en rafale près de 200 décrets, d’avoir outrepassé les pouvoirs qui lui sont dévolus dans la Constitution sur plusieurs questions, notamment l’immigration.
L’homme d’affaires Elon Musk, qui s’est vu confier par Donald Trump la tâche d’améliorer « l’efficacité » du gouvernement, est aussi mis en cause dans plusieurs requêtes en raison du caractère officieux de son mandat et de ses interventions agressives auprès de plusieurs agences fédérales.
Dans une récente analyse, l’ex-chroniqueur du New York Times Paul Krugman a indiqué que les efforts du propriétaire de X et de ses collaborateurs pour accéder au système de paiement central du gouvernement s’apparentaient à une forme de « coup d’État du XXIe siècle ».
Selon Russell Wheeler, constitutionnaliste rattaché à la Brookings Institution, Donald Trump et les personnes qui le conseillent cherchent « agressivement » à tester les limites du pouvoir présidentiel depuis son retour aux commandes.
Ils sont conscients de la judiciarisation probable de plusieurs initiatives et vont peut-être même, note M. Wheeler, jusqu’à « l’espérer » en se disant que la Cour suprême, où siègent plusieurs juges nommés par le président, est susceptible de trancher en leur faveur.
« Plusieurs membres de l’administration ont la conviction que rien ne va les arrêter », indique M. Wheeler.
« Un nombre incalculable de personnes en danger »
Réagissant aux initiatives de Donald Trump en matière d’immigration, l’American Civil Liberties Union (ACLU) s’est attaquée dans une requête à sa décision d’empêcher les migrants qui se présentent à la frontière sud du pays de demander l’asile.
D’après l’organisation de défense des droits de la personne, le chef d’État a évoqué sans raison une « invasion » afin d’empêcher le recours à une procédure dûment reconnue par le Congrès pour venir en aide aux personnes fuyant la persécution.
Manifestation contre les arrestations et les expulsions de migrants
par les agences gouvernementales américaines à Los Angeles, lundi
« Il s’agit d’un effort sans précédent pour s’approprier des pouvoirs qui met un nombre incalculable de personnes en danger », a déclaré dans un communiqué le directeur adjoint de l’ACLU pour les droits des migrants, Lee Gelernt.
Les signataires de cette requête réclament une injonction afin de bloquer le décret du président, qui s’est buté aux tribunaux récemment dans une autre cause liée à sa volonté d’interdire l’attribution de la citoyenneté aux enfants nés sur le sol américain de migrants sans papiers.
Le juge au dossier a indiqué que la décision de l’administration était « manifestement inconstitutionnelle », allant jusqu’à s’étonner qu’un représentant du ministère de la Justice puisse défendre l’opinion contraire.
Un accès contesté
Les remous judiciaires concernant Elon Musk, qui a versé plus de 200 millions de dollars à la campagne du président Trump avant d’être nommé aux commandes d’un « département de l’efficacité gouvernementale » (DOGE), se multiplient parallèlement.
Près d’une demi-douzaine de procédures ont été lancées pour décrier le flou entourant le département et l’absence de mandat officiel pour l’homme d’affaires controversé, qui disait, avant l’élection, vouloir supprimer près de 2000 milliards de dépenses gouvernementales.
« La situation est aberrante », note M. Wheeler, qui voit mal comment le milliardaire peut éviter les situations de conflit d’intérêts.
Donald Trump a dit qu’il l’empêcherait d’intervenir lorsque ses intérêts sont en jeu. Mais si vous croyez ça, vous être prêt à croire que le soleil se lève à l’ouest.
Une vive polémique a suivi la révélation qu’Elon Musk et ses collaborateurs avaient obtenu un accès aux données du système de paiement central du gouvernement après avoir fait écarter un haut fonctionnaire qui refusait de collaborer.
Dans une requête, des groupes représentant des employés fédéraux, ainsi que des retraités, reprochent au président d’avoir permis aux représentants de DOGE d’accéder aux données confidentielles de millions d’Américains et exigent que cet accès soit retiré dans les plus brefs délais.
Contraire à une loi
Un autre bras de fer juridique s’annonce relativement aux pressions exercées contre l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), qu’Elon Musk a promis de « fermer » après discussion avec le président Trump.
Des élus démocrates ont manifesté, lundi, devant le siège de l’établissement à Washington, après que les employés ont été avisés de ne pas rentrer au travail et que les fonds dévolus aux projets ont été gelés.
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