Un cessez-le-feu conclu entre la Thaïlande et le Cambodge.

Un cessez-le-feu conclu entre la Thaïlande et le Cambodge.

Le cessez-le-feu conclu entre la Thaïlande et le Cambodge est entré en vigueur à minuit dans la nuit de lundi à mardi le juillet 2025, après cinq jours d’affrontements meurtriers à leur frontière.

Les deux pays sont parvenus à « un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », avait déclaré plus tôt lundi le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, dont le pays a joué les intermédiaires, après trois heures de discussions avec ses homologues des pays concernés.

Le président américain Donald Trump s’est lui félicité de son rôle dans l’obtention de ce cessez-le-feu. « Je suis ravi d’annoncer qu’après l’intervention du président Donald J. Trump, les deux pays sont parvenus à un cessez-le-feu et à la paix. Félicitations à tous ! », a écrit le président sur son réseau Truth Social, indiquant avoir parlé depuis aux dirigeants des deux pays.

Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 kilomètres de la frontière, un journaliste de l’AFP a entendu des tirs d’artillerie incessants tout au long de la journée de lundi, avant que les explosions ne cessent 30 minutes avant minuit (13 h heure de l’Est lundi).

Dans la province cambodgienne de Preah Vihear, où ont eu lieu certains des combats les plus intenses, le calme régnait vingt minutes après le début officiel du cessez-le-feu, a annoncé son gouverneur, Kim Rithy, sur Facebook.

Les affrontements ont tué depuis jeudi dernier au moins 38 personnes et provoqué le déplacement d’environ 300 000 habitants.  

PHOTO ATHIT PERAWONGMETHA, REUTERS

Une maison endommagée par les tirs d’obus du Cambodge est photographiée dans la province de Sisaket, en Thaïlande, le 28 juillet 2025.

Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est s’opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l’Indochine française. Mais rarement dans l’histoire moderne un tel épisode de violences avait secoué la région.

L’accord de cessez-le-feu prévoit que les commandants militaires des deux parties se rencontrent à 7 h locales (20 h heure de l’Est), avant la réunion d’un comité transfrontalier au Cambodge le 4 août.  

La Thaïlande et le Cambodge se sont accusés mutuellement d’avoir attaqué en premier, et chaque camp a remis en cause la sincérité de l’adversaire, avant de s’asseoir à la table des négociations, sous l’œil des États-Unis et de la Chine.

Retour à la « normale »

Le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a salué l’intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), de la Chine et du « président Trump ».

« Nous avons convenu d’un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties », a-t-il déclaré.

De son côté, le premier ministre cambodgien Hun Manet a jugé que cet accord de paix offrait une chance d’un « retour à la normale ».

Un espoir prudent dominait parmi les déplacés, des deux côtés de la frontière, après l’annonce du cessez-le-feu.

PHOTO TANG CHHIN SOTHY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des enfants qui ont fui leurs maisons près de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande passent devant des abris dans la province d’Oddar Meanchey, le 28 juillet 2025.

Au Cambodge, Phean Neth, 45 ans, a trouvé refuge dans un vaste camp de déplacés sur le site d’un temple, loin des combats. « Je suis tellement heureuse que je ne peux pas le décrire ».  

Côté Thaïlandais, Tee Samanjai, 68 ans, pense déjà à son retour à la ferme et ce qu’il y fera : « vérifier les poulets, fertiliser le riz, et prendre soin des champs ». Mais l’inquiétude n’est pas loin. « Je veux rentrer mais je n’ai pas du tout confiance dans le Cambodge. Personne dans notre village n’a confiance ».  

Bangkok et Phnom Penh étaient à couteaux tirés depuis la mort d’un soldat khmer, fin mai, lors d’un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, sur fond de flambée du discours nationaliste, les deux pays se sont engagés dans une surenchère de mesures qui ont affecté les flux économiques et de personnes.

Avant le déclenchement des affrontements, la Thaïlande avait aussi expulsé l’ambassadeur cambodgien de son territoire et rappelé le sien présent au Cambodge. Le royaume khmer avait répondu en dégradant « au plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, par la voix d’un porte-parole, a « exhorté » lundi soir dans un communiqué « les deux pays à respecter pleinement l’accord et à créer un environnement propice au règlement des questions de longue date et à l’instauration d’une paix durable ».

Les affrontements ont officiellement fait 25 morts côté thaïlandais, dont onze soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien.

Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140 000 Cambodgiens ont fait de même, d’après Phnom Penh.